Dans l’article précédent, je t’expliquais pourquoi toutes nos relations répondent à des besoins avant tout personnel, et donc pourquoi toutes nos relations sont égo-centrées par essence. Dans ce deuxième article, je mène une réflexion sur la raison pour laquelle on tombe malgré tout dans le piège de la sur-adaptation et de la relation toxique.
Le paradoxe de la sur-adaptation dans une relation toxique
Partons du postulat qu’une relation est d’office égo-centrée, comme j’en parlais précédemment, à quelques exceptions ponctuelles près.
Plusieurs hypothèse à cela. Je vais tenter d’apporter quelques pistes, mais il peut exister d’autres raisons propres à chacun. Puisses-tu trouver la tienne, si tu te trouves dans l’une de ces relations.
La peur d’entacher le peu de confiance en soi qui subsiste
La première raison, comme je le soulignais dans l’article précédent, c’est que cela reviendrait à abîmer notre image de nous, la perception que nous avons de nous même et donc notre estime de nous-même. Pas de chance, elle est déjà souvent amoindrie si l’on se sent bloqué.
Mais l’idée que l’autre nous emprisonne n’existe plus vraiment, si l’on se rend compte que notre participation active est nécessaire pour que cette relation toxique subsiste. Qu’elle est entretenue par notre manque de confiance (qui a pour conséquence notre sur-adaptation).
La peur de se tromper et la sur-adaptation
D’un côté, cela reviendrait à admettre que notre intuition n’a pas été bonne, que l’on s’est trompé sur notre première image de la personne que l’on quitte. Or, nous vivons dans une société qui n’encourage pas vraiment l’erreur. À tel point d’ailleurs qu’énormément de biais existent, dont par exemple le biais de confirmation. Par cohérence, par peur, mais aussi parce qu’on est codés à ne pas relever nos erreurs, on reste donc impliqué pour éviter de devoir remettre en question de choix. Et donc, on continue à alimenter cette relation toxique par la sur-adaptation.
La peur du jugement et la sur-adaptation
D’autre part, en quittant cette relation, on prendrait le rôle du « méchant » ou tout autre adjectif. On peut donc parfois s’accrocher à notre rôle de victime, d’autant plus si on a une confiance en soi plutôt basse. On se raconte alors que l’on reste dedans « par loyauté », « pour l’autre ». Ce qui est quand même beaucoup plus sympa que de se dire que c’est par peur de notre jugement de nous-même. Et d’ailleurs, qui a décidé que si tu te détachais de quelqu’un de toxique, tu aurais l’air [insérer adjectif jugeant ici].
Si tu as inséré un adjectif péjoratif ci-dessus, je t’invite à réfléchir plus particulièrement à ce point.
Tu peux par exemple aller lire mon article sur le triangle de Karpmann.
Le bénéfice secondaire de la relation toxique
Par peur ou par soucis de cohérence donc, on reste dans cette relation toxique et on s’épuise de sur-adaptation plutôt que de dire stop et de quitter cette situation. Il nous reste donc une question à explorer.
La raison pour laquelle on ne passe pas toujours à l’action malgré notre connaissance de nos besoins, c’est que cela nous parait trop fastidieux. Cela nécessiterait d’abord identifier celui-ci, puis de s’assurer que celui-ci sera comblé même sans cette relation. Ensuite, on pourra considérer l’idée. Ce qui remet donc souvent trop de choses en question dans notre vie personnelle.
La confiance étant manquante, on n’est pas sûr d’être heureux au dehors de la relation, alors on ne bouge pas.
La clé pour se libérer de la sur-adaptation
Si l’on se rappelle maintenant que l’essence de nos relations, c’est nous, et que l’on en assume la démarche.
Si l’on se rappelle que, en théorie, notre partenaire est dans le même état d’esprit… l’idée de rester pour lui s’écroule… à moins que lui même ne soit également en adaptation constante. Disons que ce n’est pas le cas, parce que la seule personne que l’on peut influencer, c’est nous même.
On commence alors à se libérer et à vivre de manière authentique en posant des limites quand cela s’impose. On comprend que, si on est dans une relation dans laquelle on se sent mal, ce n’est pas sain. Elle ne peut alors plus être vraie, ni saine, ni bienveillante puisque pleine de ressentiments.
Par respect pour ce qu’on a vécu avant, on peut alors juste en parler avec la personne concernée, et prendre ses distances en de bons termes. Le but sera alors toujours auto-dirigé : avoir la satisfaction personnelle d’avoir agi avec justesse, et non de la rancœur ou de la colère.
Plutôt que d’essayer de fuir la peur du jugement, on peut alors aller vers qui l’on a envie d’être … Si l’on a suffisamment confiance en soi pour cela. Si ce n’est pas le cas, alors c’est l’étape 0 de notre voyage.
Pour aller plus loin :
Si tu souhaites creuser le sujet, l’épisode sur la confiance en soi et l’article associé te permettront de prendre du recul.