L’article de la semaine a pour objectif de mettre en lumière l’influence de notre passé sur notre présent (et même notre futur). Je suis une fervente défenseuse d’un management bienveillant et respectueux de chacun, et récemment, une expérience a renforcé ma conviction.

Il y a quelques jours, j’ai été témoin d’une scène intrigante impliquant l’une de mes collègues avec qui j’ai souvent eu des divergences d’opinions. Elle était en train de former un de nos collaborateurs en pleine évolution professionnelle. J’ai discrètement écouté ses explications, ressentant une pointe de jalousie de ne pas avoir bénéficié d’une telle clarté et synthèse lors de mon arrivée (même si j’avais expressément demandé des éclaircissements).

Je dois admettre que ma collègue s’en est remarquablement bien sortie, surpassant même mes attentes. Elle a exposé chaque étape du processus avec minutie et organisation. Cela m’a incité à mettre de côté nos différends personnels pour lui faire prendre conscience de cette compétence remarquable.

Lors d’une pause, je suis allé la voir pour lui exprimer mon admiration. Sa réponse m’a pris au dépourvu.

« Tu te moques de moi ? C’est ironique ? »

Pourtant, je ne suis pas du genre à me moquer des autres. J’apprécie l’humour, mais je préfère rire avec les gens plutôt que de les tourner en dérision. Je ne me suis donc pas identifié à sa réaction et j’ai répondu spontanément : « Pas du tout, je suis sincère. »

Cependant, ma collègue, influencée par ses expériences passées, a d’abord interprété mon compliment comme une moquerie… Comme c’est souvent le cas dans nos interactions. Au point que je prends généralement soin de clarifier mes intentions avant de parler ou de poser une question, afin d’éviter les malentendus. Cela la fait hausser les sourcils ou sourire, mais si cela peut prévenir les confrontations inutiles, cela me convient parfaitement…

Mais après ma réponse cette fois-ci, ma collègue s’est ouverte. Complètement ouverte. Peut-être a-t-elle enfin réalisé que je ne représente en rien une menace pour elle. Elle m’a confié qu’elle était celle qui formait les collaborateurs « auparavant ». Soudainement, elle a ri avec moi, fièrement, en racontant à tout le monde que je l’avais complimentée pour son excellent travail. Comme si elle retrouvait sa fierté d’enfant en annonçant haut et fort sa réussite.

Ce moment était un peu embarrassant pour moi, étant donné que je ne suis pas du genre démonstratif. Pourtant, je prends souvent le temps d’encourager et de féliciter mes collègues et collaborateurs. C’était la première fois qu’une réaction aussi enthousiaste se produisait. De plus, je n’ai absolument aucune autorité pour juger ce qui est bien ou non, car nous sommes au même niveau hiérarchique. Mais peut-être que justement, le fait que je n’aie rien à y gagner a touché une

corde sensible chez elle.

Si j’ai bien retenu une leçon de cet épisode, c’est que notre passé exerce une influence considérable sur notre présent (et même notre futur). Nous sommes tous façonnés par nos expériences, et celles-ci conditionnent nos pensées, nos opinions, nos choix et nos émotions.